Mizu est le projet de Thomas Primault, à la tête du bureau d’études Hinoki. Le projet a débuté en mars 2013 et a été inauguré puis labellisé en fin d’année 2014.
Nous vous proposons de découvrir plus en détail ce projet, qui est le plus petit bâtiment passif au monde avec 12 m² de surface, dans les lignes ci-dessous.
LA GENÈSE DU PROJET
Lorsque Thomas Primault fait construire sa maison, il a comme ambition d’y installer son bureau d’études thermiques, Hinoki, et de réserver un espace pour une maison de thé typiquement japonaise.
La maison est construite en U, articulé autour d’un grand jardin zen. Composée d’un espace nuit et d’un espace jour, la maison comporte effectivement un espace qui sera réservé à la maison de thé. Celle-ci donne sur le jardin, pour pouvoir profiter d’une pause totalement zen.
Au fil des années, l’activité du bureau d’études prend de plus en plus d’ampleur, à l’inverse des locaux alloués dans la maison. Thomas Primault décide alors d’investir la maison de thé et d’en faire la vitrine de son activité : “Mon activité étant centrée sur les bâtiments passifs, ce bureau devait tout naturellement, répondre au standard Passif“, explique le maître d’ouvrage. Un bureau passif, qui portera le nom de “Mizu”, qui signifie “eau” en japonais.
En effet, si la maison de thé est détournée de son utilité originelle, la destinée initiale de cette construction reste profondément ancrée !
LA SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE AVANT TOUT
Dès la conception du projet Mizu, le choix des matériaux a été bien arrêté : Thomas Primault, le maître d’ouvrage (et maître d’oeuvre) a souhaité un projet qui soit d’une sobriété énergétique tant pendant sa construction que pendant son utilisation. C’est pourquoi la majorité des matériaux utilisés sont bio-sourcés et bruts, mais également d’origine locale pour éviter toute pollution supplémentaire.
L’étanchéité à l’air des murs et du sol a été réalisée avec un film frein vapeur hygrovariable, qui évite également la migration de vapeur d’eau dans les parois.
Les menuiseries du bâtiment sont mixtes (bois/alu) et pèsent près de 100 kilos chacune ! Les trois vitrages, deux exposés plein sud et un autre à l’est, apportent 70 kWh par m² et par an de gains. Pour garantir l’étanchéité à l’air, seule l’une des fenêtre peut s’ouvrir, les 2 autres châssis sont fixes. Toutes trois présentent chacune trois joints qui renforcent à leur niveau l’étanchéité à l’air.
Le bois est le fil conducteur du projet : l’isolation des rampants a été faite avec des panneaux de fibre de bois, totalisant une épaisseur de 38 centimètres.
On le retrouve également dans le contre-lattage des murs afin de créer le vide technique nécessaire au passage des différentes gaines (eau, électricité, ventilation…). Le bois du contre-lattage provient du recyclage de vieux panneaux en bois, prouvant la démarche de sobriété (énergétique et en CO2) du projet. Le vide technique a été comblé ensuite par l’insufflation de ouate de cellulose (d’où le rôle du contre-lattage pour éviter à la membrane/frein vapeur de se déchirer).
L’ouate de cellulose a été insufflée à hauteur de 200 millimètres dans les murs et 160 millimètres dans le plancher bois, sous l’ossature en bois.
UN DEFI TECHNIQUE
Tous les concepteurs de bâtiments passifs vous le diront : il est bien plus difficile de construire une petite surface passive plutôt qu’une grande. En effet, plus le bâtiment est petit, plus la surface en contact avec l’extérieur est grande !
L’isolation était le point le plus épineux du bâtiment. Comment atteindre le standard passif dans une si petite surface, en utilisant les isolants traditionnels (très épais) ? La réponse fut : se détacher des isolants traditionnels et opter pour l’innovation ! Le maître d’ouvrage a opté pour les isolants sous vide. Il s’agit du même vide qu’on peut retrouver dans les conditions spatiales, avec une conductivité thermique égale à zéro.
Cet isolant se trouve sous forme de panneaux de silice pyrogène micro-poreux de 6 cm d’épaisseur. Il est emballé dans un film métallisé qui garantit son étanchéité à l’air.
Cet isolant est à utiliser dans des cas particuliers, tels que le projet Mizu car il ne peut se sectionner, sous peine de perdre ses précieux avantages.
L’innovation a également été de mise avec l’utilisation de matériaux à changement de phase. Ces matériaux ramènent un peu d’inertie thermique au bâtiment sans prendre plus de place. L’enduit choisi contient des micro billes de cire végétale encapsulées qui fondent dès que la température atteint les 23 °C. A cette température, les micro billes absorbent une grosse partie de l’énergie, afin de fondre, et évitent à la température de monter encore plus. La ventilation nocturne libère la chaleur et la renvoie à l’extérieur. Une sonde de température a été intégrée à la fine couche (6 mm !) d’enduit et pourra donner très prochainement des résultats sur l’utilisation de ce matériau innovant.
La ventilation double flux est elle aussi issue de l’innovation : il s’agit d’un modèle extra-plat, nécessaire au projet qui a une très petite surface. Opter pour cette solution a permis de se passer d’un local technique, qui aurait empiété sur le bâtiment.
Cette ventilation ne fait que 25 cm d’épaisseur et est pensée pour se fixer au plafond. Elle est programmable et, dans le cas du projet Mizu, ne fonctionne qu’aux horaires de travail, du lundi au vendredi).
SIMPLE COMME UNE TASSE DE THÉ
Le bâtiment a été inauguré le 26 septembre, en présence des partenaires du projet et d’Etienne Vekemans, le président de La Maison Passive. Le bâtiment est en utilisation depuis lors et, conformément à sa destinée première, n’est chauffé que grâce à la bouilloire japonaise en fonte, qui entre en fonction quelques minutes avant l’heure du thé. Le projet Mizu porte bien son nom !
Mizu offre désormais la vitrine parfaite pour Thomas Primault, afin d’exposer son savoir-faire : “ Il y a un engagement réel derrière tout cela : montrer qu’un bâtiment exemplaire au niveau écologique est avant tout un petit bâtiment (faible empreinte, peu de consommation de matériaux et d’énergie, moins d’artificialisation des sols…)
Ce critère est malheureusement trop souvent oublié. Mon travail au quotidien avec des architectes m’a fait prendre conscience de l’importance des espaces. L’optimisation des plans, du mobilier intégré, la réflexion sur les usages en amont, rendent ce petit espace très confortable et spacieux finalement. “
Après quelques mois passés dans son nouveau bureau, il témoigne : “C’est un petit bâtiment hyper réactif aux changements de températures, très nerveux. Je le comparerais volontiers à une moto ! Les grandes baies vitrées auraient tout à fait leur place dans un salon de 60 m², ce qui fait que j’ai un apport solaire considérable. Cela participe au confort du bâtiment : ce matin [Nous étions le 29 décembre, ndlr], il faisait -7°C à l’extérieur mais 18 °C dedans, sans avoir pris mon thé !“
Gage de sa réussite, le projet a reçu la certification passive le 25 novembre 2014, à l’occasion de Passi’bat.
Pour plus d’informations sur le projet : projetmizu.eu