Pour ce 5e épisode de la websérie « à la rencontre du passif », bienvenue à Marquette-lez-Lille ! Une commune de 11 200 habitants au nord de la capitale des Flandres.
Tous les deux mois, La Maison du Passif vous fait découvrir en exclusivité les coulisses d’un projet passif marquant : maison individuelle, bureau, école… Ne manquez pas notre prochain épisode !
Pourquoi Marquette-les-Lille ? Pour vous rappeler que le passif n’est pas l’apanage de la maison individuelle, bien au contraire. Nous avions ainsi rendez-vous avec Pascal Vandenbussche du bailleur social Vilogia et Nicolas Gantois de chez Moduo Ingenierie. Ensemble ils ont livré un bâtiment passif de 47 logements sociaux. Un projet ambitieux inscrit dans une opération encore plus ambitieuse, la réhabilitation des Grands Moulins de Paris.
Contexte patrimonial
Située au bord de la Deûle, la minoterie des Grands Moulins de Paris est considérée comme l’un des fleurons de l’architecture néo-flamande. Dans ce « château » conçu selon les plans de l’architecte Vuagnaux et mis en service en 1923, jusqu’à 600 tonnes de grains pouvaient être transformés en farine par jour. À la fin des années 1980, la minoterie cesse son activité, notamment à cause de la politique tarifaire pratiquée par les États-Unis. Pendant 30 ans, les lieux sont alors laissés à l’abandon. Finalement inscrits à l’inventaire des Monuments historiques, les Grands Moulins font l’objet, à la fin des années 2010, d’une vaste campagne de réhabilitation. Objectifs : transformer ce morceau de patrimoine en logements pour dynamiser le quartier. À cela s’ajoute la construction d’une tour de 96 logements ainsi que de quatre bâtiments à loyers modérés, dont l’un en passif. « Nous avons inscrit le Passif dans la stratégie de Vilogia dès les années 2015-2016, se souvient Pascal Vandenbussche. En effet, en plus de réduire les consommations énergétiques des bâtiments, cette méthode de conception permet de réduire la sinistralité. Nous avons aujourd’hui une vingtaine d’opérations certifiées, et nous n’avons eu à déploré aucun sinistre sur ces réalisations », se félicite le Chef de projets Ingénierie – R&D.
« En plus de réduire les consommations énergétiques des bâtiments, le Passif permet de réduire la sinistralité. »
Un programme multiple
Orchestrée par le groupe MAES architectes et urbanistes, l’opération soumise au contrôle de l’Architecte des bâtiments de France est confiée à trois acteurs de l’immobilier : Histoire & Patrimoine pour le lot réhabilitation, Sigla Neuf pour la construction de la tour et Vilogia pour les logements sociaux, dont l’immeuble passif. Baptisée Le Silo car construite en lieu et place d’un silo à farine trop vétuste pour être conservé, cette résidence accueille 47 logements répartis du T2 au T4.
La résidence étant inscrite dans le prolongement des Grands Moulins, son implantation et son gabarit sont tout trouvés : faîtage aligné sur l’existant et orientation plein sud – « un coup de chance pour maximiser les apports solaires », souligne Nicolas Gantois, Directeur associé chez Moduo Ingénierie, en charge des études thermiques et fluides du projet. « Cette forme, très simple, était également un avantage pour concevoir un bâtiment compact », ajoute l’ingénieur.
« Cette forme, très simple, était également un avantage pour concevoir un bâtiment compact. »
Technique et RE2020
En France, qui dit passif dit forcément ventilation double-flux. Ici, ce sont deux centrales collectives – solution privilégiée pour des questions de maintenance –, installées sous combles. Par ailleurs, une chaufferie collective aménagée dans un local au rez-de-chaussée répond aux besoins complémentaires de chauffage. Le confort d’été des résidents lui, est assuré par deux dispositifs : d’une part les balcons déportés en façade sud, d’autre part, des stores extérieurs légèrement translucides.
Si la résidence Silo satisfait aujourd’hui encore ses concepteurs comme ses habitants, Nicolas Gantois souligne tout de même que le projet ne pourrait pas être conçu de la même manière depuis la mise en place de la RE2020. « On constate qu’avec sa structure béton et son parement en brique et métal, ce projet est désavantagé du point de vue du bilan carbone. Si l’on devait le réaliser aujourd’hui, il faudrait probablement faire évoluer certains sujets, comme le béton, présent en grande quantité. »