Anticiper les dysfonctionnements des bâtiments passifs

La construction passive, en dépit d’une belle promesse de confort et de performance énergétique, peut aussi soulever des problématiques aux conséquences plus importantes que pour des bâtiments moins ambitieux, non confrontés aux exigences du standard passif. De cette manière, de simples défauts d’optimisation peuvent entraîner des conséquences fâcheuses…

DES MAUVAISES PRATIQUES ET DES BONNES SOLUTIONS !

Le pôle Observatoire de l’Agence Qualité Construction a pour mission de prévenir les désordres dans le bâtiment et améliorer la qualité de la construction. Plus particulièrement, le Dispositif REX Bâtiments performants s’appuie sur un audit de près de 1 500 bâtiments afin d’identifier les points sensibles liés aux évolutions dans les techniques de construction.

Le but de ce retour d’expérience est d’identifier les pathologies récurrentes, leurs coûts et leurs impacts en termes de performances. Ainsi des solutions préventives sont proposées aux acteurs du milieu via la plateforme « mallette pédagogique » qui passe au peigne fin bonnes et mauvaises pratiques, de la conception à la réalisation.

Si ce REX de l’AQC remonte donc des erreurs de conception ou de construction qui peuvent avoir un réel impact sur la performance d’un bâtiment, la plupart d’entre elles sont évitables si l’on se réfère à certaines bonnes pratiques. Voici quelques exemples…

ISOLER SES ISOLANTS

Sur un chantier les matériaux de constructions peuvent parfois attendre longtemps avant d’être enfin utilisés. Certains d’entre eux sont particulièrement sensibles, c’est pourquoi il est notamment indispensable de stocker les isolants à l’abris des intempéries. En effet ces derniers ne doivent jamais être mis en œuvre lorsqu’ils sont humides. Il est également de mise de refuser toute livraison d’isolants ayant été mal été entreposés et donc dégradés. La performance énergétique peut en être fortement impactée.La problématique se retrouve aussi pendant la pose d’une isolation par l’extérieur. Dans ce cas, une bonne pratique consiste à la pose d’un pare-pluie en même temps que l’isolant suivi dans un deuxième temps de la mise en place d’un bardage.

Exemple de bardage réalisé en même temps que la pose de l’isolant

 

AGRAFES, COUDES… À PROSCRIRE

La gaine de ventilation a été écrasée lors de la pose du faux plafond

Un certain nombre de dysfonctionnements dans les systèmes de ventilation, qui est un point crucial en ce qui concerne le passif, peuvent être mis en lumière. Ces désordres se caractérisent souvent par un défaut d’étanchéité ou d’air ventilé. Dans le premier cas, une étanchéité mal réalisée, comme avec l’usage d’agrafes qui est à proscrire pour poser la membrane, aura des conséquences très préjudiciables et pourra entraîner l’impossibilité de labelliser le bâtiment. Dans l’autre cas, un écrasement de gaines souples de la VMC double flux ou même un excès du nombre de coudes, augmentera les pertes de charge. Un système de ventilation à débits constants aura alors tendance à compenser, entraînant une surconsommation électrique.

ÉVITER LA SURCHAUFFE

Protections solaires présentes en façade sud

Les bâtiments à faible consommation d’énergie sont très sensibles aux surchauffes l’été et à l’intersaison, ce qui soulève particulièrement des problèmes de régulation de température dans des pièces à faible volume d’air. De même, si elles sont évitées au maximum dans la construction passive, les fenêtres de toit ont un impact très important dans les pièces situées sous toitures. Ici le choix des équipements est très important pour réduire significativement le risque de surchauffe. L’installation de protections solaires extérieures (type BSO) adaptées sur le toit, est donc fortement recommandée. Un quadruple vitrage sera même très probablement nécessaire dans le cadre d’un bâtiment qui vise une labellisation Bâtiment Passif.

Pour tout projet de construction, il est donc très important de soigner la conception car un grand nombre d’imperfections peuvent être gommées à ce stade. Nous l’avons vu, il est malgré tout essentiel de bien suivre le déroulé des travaux, surtout si les artisans ne sont pas sensibilisés à certaines pratiques.

ET EN PASSIF, C’EST PIRE ?

Martin Guer, Chef de projet Dispositif REX Bâtiments performants de l’AQC, nous livre son analyse sur le sujet en ce qui concerne le passif :

« En termes de dysfonctionnements, il n’y a pas de manifestations propres aux bâtiments passifs. Ce que l’on observe, on le constate partout ailleurs.

Mais il y a moins de tolérance dans le passif puisqu’on compte beaucoup plus sur l’étanchéité et sur le système de ventilation double flux notamment. Ici les défaillances sont exacerbées et ont un plus gros impact sur la performance thermique, le chauffage et le confort.

Il s’agit souvent d’un problème de compétence mais pour moi le niveau des acteurs n’est pas moins bon dans le passif. Ce sont plutôt des personnes motivées qui cherchent à dépasser les façons de travailler habituelles, ce sont plutôt des précurseurs en général. »

Si l’outil mallette pédagogique, relève effectivement un bon nombre de mauvaises pratiques en termes de réalisation, Martin Guer nous indique néanmoins qu’au moins 50% des problèmes constatés dans le cadre du Dispositif REX BP, surviennent bien en phase de conception. Un argument supplémentaire pour se faire accompagner de La Maison Passive dès cette étape en vue de minimiser les erreurs tout en visant la labellisation Bâtiment Passif.

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Le label "BaSE", Bâtiment sobre en énergie

Construire passif, la garantie d'un bâti de qualité.

Concevoir et construire un bâtiment passif est un objectif ambitieux. Voilà pourquoi la certification Bâtiment Passif a évolué pour inclure le label BaSE (Bâtiment Sobre en Énergie).

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

Ce label a été pensé pour récompenser les efforts de toutes les équipes ayant collaboré au projet et pour saluer la performance énergétique du bâtiment certifié.
Il reprend les bases de la certification passive, mais assouplie :

  • Le besoin de chauffage doit être inférieur à 30 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an (contre 15, en Bâtiment Passif)
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 1 par heure (contre 0,6 en Bâtiment Passif)
  • Les autres critères restent identiques.

Le label "bâtiment passif premium"

La première maison passive Premium de France © Jean-Louis Bidart

À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

La catégorie « Bâtiment Passif Premium» est la plus exigeante de toutes : elle récompense les bâtiments générant au moins 120 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.

Le label "bâtiment passif plus"

La première maison passive Plus de France

À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

Dans la catégorie « Bâtiment Passif Plus », le bâtiment devra générer au moins 60 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.