En passif, les ouvertures, comme les fenêtres et les baies, jouent un rôle essentiel : ce sont elles qui assurent principalement le chauffage des pièces. Paul-Louis Sadoul, chef de projet associé - Responsable Assistance à Maîtrise d'Ouvrage et Urbanisme chez solaresbauen France nous éclaire sur leur mise en œuvre en passif. Interview.
Hormis la question du vitrage, quelles sont les bonnes pratiques à suivre pour le dessin des fenêtres, en neuf comme en rénovation ?
Il y a plein de dogmes qu’il faut bien avoir en tête ! D’abord, placer les fenêtres et l’isolation dans le même plan : si on isole par l’intérieur, il ne faut surtout pas mettre les menuiseries au nu extérieur, et inversement. Ensuite, veiller aux embrasures. Quand on isole par l’extérieur, on crée une embrasure plus profonde : si les fenêtres ne sont pas très grandes, on risque de supprimer par ombrage une part importante des apports solaires.
Privilégier également les bandeaux horizontaux plutôt que verticaux. C’est un classique du bioclimatisme : des bandeaux horizontaux auront un effet d’ombrage par le linteau extrêmement bénéfique au regard de la différence « été/hiver ». En hiver, le soleil passe en dessous du linteau et chauffe le vitrage ; aux beaux jours, il est ombré, le soleil ne chauffe plus. Avec une fenêtre verticale, en revanche, vous n’aurez pas ce bénéfice. Qui plus est, vous pâtirez d’un énorme effet d’ombrage latéral permanent qui fusillera vos apports solaires en hiver ! Enfin, il faut essayer de recouper les pans de fenêtres, car les zones de menuiseries représentent des déperditions beaucoup plus importantes que la surface courante du vitrage ; en plus, elles sont opaques et ne génèrent donc pas d’apports solaires.
Et les fenêtres de toit ? Sont-elles de bonnes candidates au passif ?
Orientées au sud, ce sont des calamités car elles captent davantage le soleil en été qu’en hiver ! L’explication est simple : le soleil est beaucoup plus haut en juillet qu’en décembre. Or, le rayonnement entrant dans une surface est maximal quand les deux sont perpendiculaires. De fait, les chiens-assis sont préférables, et de loin. Avec un chien-assis, le vitrage est redressé : en hiver, le soleil est bas, il tape directement dans la fenêtre, ça chauffe. Quand le soleil est haut, l’été, le linteau fait un petit ombrage, et surtout, les rayons entrent de manière beaucoup moins orthogonale. Avec une fenêtre de toit, c’est tout l’inverse !
En conclusion, un projet mal orienté peut-il être rénové en passif ?
En vérité, cela dépend de la taille du bâtiment ; plus il est grand, moins l’orientation est problématique, grâce à l’effet de compacité. Prenez une maison individuelle par exemple ; si vous la groupez avec sa jumelle, vous économiserez le mur séparatif. Ce raisonnement, on peut le faire sur 50 étages. En plus, dans un bâtiment tertiaire, la chaleur dégagée par les usagers et les équipements électriques est plus importante ; en toute logique, les besoins en chauffage sont moindres, si bien que le sujet de l’orientation est moins critique. Mais quand il est question de petits objets comme une maison individuelle, alors oui il faut impérativement être orienté au sud. Si la maison est plein nord, on peut considérer que les apports solaires seront divisés par deux, voire par trois. Difficile, pour ne pas dire impossible, alors, de prétendre aux standards passifs…