Cousine de la Fresque de la Rénovation, la Fresque de la Construction est un outil pédagogique de vulgarisation des enjeux de la construction inspiré de la Fresque du Climat. Par groupe de 4 à 8 participants, on y apprend, en compagnie d’un animateur, comment adapter la construction au monde de demain. À l’occasion de Passibat’ 2024, nous avons interrogé Guillaume Menet, cofondateur de la Fresque pour en savoir plus. Entretien.
En quelques mots, c’est quoi, la Fresque de la Construction ?
Guillaume Menet : Ludique, collaboratif, pédagogique et créatif, la Fresque de la Construction est un atelier basé sur l’intelligence collective. L’objectif est de donner, en 3 heures, un maximum d’informations aux participants pour les sensibiliser à la transition du secteur de la construction, les alerter sur différentes problématiques telles que le changement climatique ou l’épuisement des ressources, les faire réfléchir sur nos besoins réels et avoir, en fin de compte, une vision globale de l’impact actuel du secteur de la construction sur notre environnement. Et le message que l’on aime bien faire passer, c’est de rappeler que l’on ne pourra pas tout révolutionner du jour au lendemain. Si chacun fait un petit pas, c’est déjà bien…
« Ludique, collaboratif, pédagogique et créatif, la Fresque de la Construction est un atelier basé sur l’intelligence collective. »
À quel(s) public(s) s’adresse-t-elle ?
La Fresque de la Construction est un atelier très professionnel qui intéresse beaucoup son public cible : aussi bien les ingénieurs spécialisés qui acquièrent grâce à elle une vision globale que les groupes de construction, à qui l’atelier apporte une image concrète de ce que deviendra leur métier demain, notamment à cause, ou grâce, aux différentes réglementations telles que la RE2020.
Les particuliers ne sont donc pas concernés ?
Ils le sont désormais : il y a un an-et-demi, nous avons lancé une version citoyenne de la Fresque, ouverte à un public plus large. Pour cela, nous avons simplifié certaines données et supprimé quelques cartes un peu trop techniques. Bien entendu, pour y participer, il faut avoir un attrait pour la construction ou des projets de travaux par exemple…
« Puisque nous avons nos propres problématiques, nous avons réfléchi à un atelier adapté à notre pays, et donc aux données France. »
Revenons aux origines : comment cette fresque est-elle née ?
Tous les cocréateurs de la Fresque de la Construction étaient auparavant des animateurs de la Fresque du Climat, on peut donc dire que c’est là qu’elle trouve ses origines. C’est un atelier pédagogique qui se distingue par son fonctionnement : on y joue collaborativement, il y a une manière de faire comprendre les choses qui est très bien faite. Quand on ressort de là, on se pose inévitablement la question : « Et maintenant, que fait-on ? ». Ça donne envie de passer à l’action et c’est pour cela, je pense, qu’il existe autant de fresques amies [les « fresques amies » sont des ateliers inspirés de la Fresque du Climat, ndlr] qui ont été créées sur différents sujets, à partir d’expertises variées.
Un jour, Renaud Bonnel, qui est assistant à maîtrise d’ouvrage spécialisé dans le bas carbone et l’écologie mais également animateur et formateur pour la Fresque du Climat, a lancé un appel pour créer une fresque amie sur le thème de la construction. Plusieurs professionnels du bâtiment, dont moi-même, avons alors répondu présent pour faire bouger les choses…
Comment se sont structurées vos réflexions pour la construire ?
On s’est d’abord demandé si l’on devait avoir une vision mondiale, comme le fait la Fresque du Climat. On s’est très vite rendu compte que c’était impossible pour le secteur de la construction : nous avons, en France, des habitudes constructives et énergétiques qui nous sont propres – on favorise beaucoup le béton et l’électricité par exemple. Puisque nous avons nos propres problématiques, nous avons réfléchi à un atelier adapté à notre pays, et donc aux données France. Dans le même souci de vision globale, nous avons fait le choix de ne pas parler que de construction, mais aussi de rénovation. Toutes ces réflexions s’incarnent dans les lots de cartes qui constituent le jeu de la Fresque de la Construction.
« La première étape de l’atelier consiste à imaginer comment l’on vivra demain pour répondre aux enjeux du changement climatique. »
À propos : de quelles thématiques traitent les différents lots de cartes ?
Le premier lot aborde les besoins de construire, en fonction de l’évolution de notre manière de vivre sur les 50, 100 prochaines années. Par exemple, si l’on construit des lieux de travail, comme des bureaux, sans anticiper notre mobilité et nos métiers de demain, on risque de les implanter dans un lieu où ils n’auront pas d’utilité. On aurait alors tout faux, quand bien même on veillerait à bâtir des bâtiments à faible impact carbone et/ou haute performance énergétique ! La première étape de l’atelier consiste donc à imaginer comment l’on vivra demain pour répondre aux enjeux du changement climatique : comment évolueront nos métiers ? Est-ce que l’on se déplacera autant ? Comment habiterons-nous ?
Et les autres lots ? Quels sujets abordent-ils ?
Avec le deuxième lot, on regarde notre patrimoine bâti, ce dont il est constitué, ce qu’il consomme pour fonctionner, ainsi que les récentes évolutions de consommation énergétique. Le troisième concerne les politiques mises en place ces dernières années, ce qui bouge, ce qui ne bouge pas, ce à quoi l’on devrait aboutir. On revient notamment sur la RE 2020 qui est assez ambitieuse, puisqu’elle prend désormais en compte l’impact de la construction en plus de la consommation du bâtiment. Le quatrième lot, enfin, permet de discuter du chantier, des déchets de la construction, de l’analyse du cycle de vie, etc.
« La première étape de l’atelier consiste à imaginer comment l’on vivra demain pour répondre aux enjeux du changement climatique. »
Comment réagissent les participants pendant la Fresque ?
Bien souvent, les gens se rendent compte qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour réduire l’impact du bâtiment. Le rôle de la Fresque est alors de rallumer les espoirs en démontrant qu’il existe des solutions, des perspectives enthousiasmantes. On rappelle que la rénovation est un sujet que l’on maîtrise bien en France, que l’on sait donc comment diviser par 2, 4 ou même 10 la consommation énergétique d’un bâtiment. On rappelle qu’en neuf, on sait non seulement construire des bâtiments qui consomment peu, mais que l’on peut aussi limiter leur impact carbone au moment de la construction en faisant les bons choix. On rappelle qu’il y a aujourd’hui des réglementations qui sont en train d’être mises en place pour faire bouger les choses du côté des industriels. Et qu’en plus, il y a un marché à prendre ! ! C’est-à-dire que si une entreprise devient leader dans la conception bas carbone, elle aura une place à prendre sur le marché. Par rapport à plein d’autres domaines, la construction est un secteur où apparaît une multitude d’opportunités vertueuses qui ne demandent qu’à être saisies…
La Fresque de la Construction va-t-elle être amenée à évoluer ?
Effectivement. Il faut savoir qu’à la fin d’un atelier, il y a une partie consacrée aux pistes d’actions : on demande aux participants ce qu’ils pourraient changer dans leur métier pour effectuer un premier pas vers plus de sobriété. Aujourd’hui, nous collaborons avec l’ADEME pour créer une suite à la Fresque dans laquelle on irait encore plus loin sur les pistes d’action, pour aider encore davantage les participants à trouver comment agir efficacement, à leur échelle.
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