La Maison bambou, résidence d'architecte
En 2009 s’achevait un projet unique ayant pour maître d’œuvre, architectes et usagers les associés de l’atelier d’architecture Karawitz. Elle est non seulement la première maison certifiée Maison Passive d’Île-de-France, mais également un emblème de ce mode de construction à travers le monde.
Dès la conception, le choix des architectes, futurs occupants, s’est immédiatement tourné vers le passif, à l’époque peu développé. Milena Karanesheva, de l’agence Karawitz, explique : « Ce qui nous a attiré dans le standard passif, c’est avant tout sa simplicité technique et les réflexions sur l’enveloppe relevant du travail de l’architecte. »
Une construction en matériaux naturels
La Maison bambou est quasi-intégralement une construction en bois : seule la dalle de fondation est en béton. Le reste de la maison est composé de panneaux de bois préfabriqués, dotés d’une isolation interne de 24 cm en ouate de cellulose, complétée par une isolation externe de 35 mm en laine de bois. L’ensemble de l’ossature, fenêtres comprises, a été assemblé en à peine deux semaines. À l’intérieur, c’est le bois brut non traité qui prime. Cet habillage favorise une bonne hydrométrie, puisque le bois absorbe le trop plein d’humidité pour le rejeter lorsque l’air devient trop sec.
Une « seconde peau » en bambou, inspirée des granges
Lors de la conception, la situation géographique du terrain a été prise en compte et mise à profit par les architectes : orienté majoritairement vers le nord et le sud, il présentait un défi en matière de régulation de la température. La solution, à la fois efficace et innovante, a été de donner à la maison une « seconde peau » : inspiré des granges de la région, un bardage ajouré en bambou recouvre intégralement la construction. Modulable sur les façades nord et sud, il permet de profiter en fonction des saisons des apports solaires gratuits au sud et d’éviter les déperditions de chaleur au nord.
Marcher pieds nus en hiver
L’intérieur même de la maison est agencé de manière à gérer plus intelligemment encore la consommation énergétique. Une ventilation double-flux alimente toute la maison via un réseau central de gaines regroupant la majorité des réseaux électriques et évitant ainsi l’ajout de chauffage. En plaçant les espaces de vie au sud de la maison, les propriétaires profitent de la lumière naturelle, tandis que les locaux sanitaires et de services, situés au nord, leur permettent de bénéficier d’une disposition solaire passive intelligente. Milena Karaneshva témoigne: « Le plus frappant, c’est l’absence de surfaces froides : en plein hiver, je peux m’adosser aux fenêtres et marcher pieds nus aussi facilement qu’en été ! ».
Du passif au positif en 25 m² de panneaux solaires
L’association de l’agencement et des matériaux fait de cette maison une habitation extrêmement économique. En effet, 25 m² de panneaux photovoltaïques, produisant près de 5 000 kWh/an d’énergie, sont suffisant pour rendre le bâtiment positif. Les occupants peuvent même revendre le surplus à la compagnie d’électricité. Preuve de l’adaptabilité des constructions passives, la Maison bambou fait désormais office de galerie d’art, passant à une fonction de bâtiment tertiaire.
FICHE TECHNIQUE
Architectes Karawitz
Bureau d’études thermiques Karawitz
Livraison 2009
Localisation Bessancourt (95)
Label Bâtiment Passif
Coût des travaux 1 800 €/m² HT
Surface de référence énergétique 161 m²
Besoins de chauffage 11 kWh/(m²a)
Puissance de chauffe 13 W/m²
Fréquence de surchauffe 1,9 %
Test d’infiltrométrie n50 = 0,48/h
Consommation d’énergie primaire 90 kWh/(m²a)
Rendement VMC double-flux 76 %
Châssis triple vitrage Uw = 0,50 W/(m²K)
Murs extérieurs U = 0,14 W/(m²K)
Dalle U = 0,17 W/(m²K)
Toiture U = 0,13 W/(m²K)