En Seine-et-Marne, les architectes de l’agence Karawitz imaginent une maison passive perchée sur un vieux muret en pierre. Un projet aussi sobre que juste, pensé comme un mini-loft et qui prouve qu’une construction passive peut tout à fait être élégante. Visite guidée.
Situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Nemours, en Seine-et-Marne, Lorrez-le-Bocage-Préaux est un petit bourg de 1 200 âmes. Ses paysages – une alternance de bois et de champs –, son patrimoine religieux et ses jolies demeures traditionnelles en pierre donnent à cette commune bordée par le Lunain un charme apaisant. C’est ici, dans ce cadre préservé que les architectes du studio parisien Karawitz livrent en 2019 une maison passive – dont les performances équivalent au label BaSE -, de 91 mètres carrés pour un jeune couple.
"Une bonne architecture n’est pas indépendante des contraintes, au contraire."
« Notre client avait acquis un terrain dans ce village où il avait grandi. Sensible aux problématiques environnementales et motivé, il voulait y construire un projet passif, idéalement en bois », explique Mischa Witzmann, cofondateur et associé de l’agence avec Milena Karanesheva. Simple, le programme est cohérent avec le budget raisonnable : une maison sobre, sur deux niveaux, avec un grand séjour et une chambre en mezzanine ouverte sur les pièces de vie. « Un petit loft en quelque sorte ! », résume Milena. La parcelle, en revanche, est un peu plus singulière : pentue, elle accueille de surcroît un vieux muret en pierres naturelles avec lequel il faudra composer.
Si les architectes sont familiers de la méthode passive – ils ont aujourd’hui à leur actif six réalisations labellisées –, la concision du programme et, par conséquent, la petitesse du projet qui en découle les oblige à redoubler de vigilance. « C’est seulement la deuxième maison passive de moins de 100 mètres carrés sur laquelle nous avons travaillé. Or, en passif, plus le projet est réduit, plus il est complexe », explique Mischa. En cause, la compacité du bâtiment, c’est-à-dire le rapport entre la surface des parois déperditives (les murs extérieurs, la toiture, etc.) et le volume intérieur chauffé. Cette complexité en tête, les concepteurs imaginent une construction en hauteur dénuée de détails superflus, comme l’illustre le choix d’une toiture à un seul pan. « On voulait rester sobre. On s’est tout de même permis de dessiner de légers biais et retraits sur la façade qui donnent un ensemble plutôt sculptural dont l’apparence change légèrement selon l’angle de vue », ajoute Mischa.
Par souci d’intégration et pour créer un dialogue avec le mur existant qu’elle surplombe, l’habitation est construite sur techno-pieux : « elle semble modestement flotter au-dessus du site », analysent les architectes. La structure est quant à elle préfabriquée en épicéa : une solution qui permettra de réduire considérablement la durée du chantier (6 mois seulement) et, par conséquent, de grandement faciliter les relations avec le voisinage !
"En passif, plus le projet est petit, plus il est complexe."
Et Mischa Witzmann de conclure : « Si l’on appréhende le passif comme une contrainte, il faut alors rappeler qu’en architecture, une contrainte n’est pas une menace. Elle sert au contraire à enrichir la réflexion et donc le projet final. Le passif devient alors un facteur supplémentaire permettant de créer une bonne architecture. »
FICHE TECHNIQUE
Architectes Karawitz
Bureau d’études thermiques Solares Bauen
Livraison 2019
Localisation Lorrez-le-Bocage-Préaux (77)
Label non labellisé
Coût des travaux 180 000 euros HT
Surface de référence énergétique 91,8 m²
Besoins de chauffage 15,5 kWh/(m²a)
Puissance de chauffe 16 W/m²
Fréquence de surchauffe 7 %
Test d’infiltrométrie n50 = 0,7/h
Consommation d’énergie primaire 91k Wh/(m²a)
Consommation d’énergie primaire renouvelable 71 kWh/(m²a)