RE2020 : décryptage des avancées

La nouvelle méthode de calcul qui sera au cœur de la RE2020 a été publiée officiellement fin avril. Cette approche est clairement dans la lignée de l’expérimentation Energie-Carbone et des nouveautés ont attiré notre attention. En voici le décryptage.

Introduction des DH

Premier sujet concernant le comportement estival des bâtiments : l’introduction des DH : Degrés Heures d’inconfort. Il s’agit d’une simulation de confort d’été intégrant un fichier météo avec séquence caniculaire et une utilisation renforcée des protections solaires. Cette approche remplace l’ancienne TIC (Température Intérieure Conventionnelle) utilisée en RT2012, ainsi que la DIES (Durée d’Inconfort d’Eté Statique) qui avait été introduite à l’occasion de l’expérimentation E+/C-. Elle permet de quantifier, en plus de la durée de l’inconfort, son intensité.

3 cas sont possibles pour ce nouvel indicateur des Degrés Heures d’inconfort :

  • Les DH sont trop élevés et supérieur à un seuil haut : il faut alors revoir la conception du bâtiment
  • Les DH sont conformes et inférieurs à un seuil bas : le projet est validé sur l’aspect confort d’été
  • Les DH sont compris entre les seuils hauts et bas : le confort d’été est respecté, mais est jugé «à risque», dans ce cas, le moteur de calcul fait une simulation d’un ajout d’une climatisation fictive au projet pour évaluer son impact, le risque étant trop élevé de voir son installation sur le projet après quelques années d’exploitation.

Nous saluons l’introduction de ce nouvel indicateur DH, qui devrait permettre de rendre les bâtiments plus résilients aux épisodes caniculaires. De plus le principe de seuil haut et bas permet une approche pragmatique qui pouvait manquer à la RT2012. Il n’était en effet pas rare de voir des pompes à chaleur réversibles dont le mode froid était désactivé pour la réception des locaux, et activé ultérieurement. Si cette manipulation restera possible, les concepteurs devront toutefois renforcer les dispositions de confort estival, qui réduiront d’autant la consommation des équipements de refroidissement.

LE RCR

Autre nouvel indicateur de la méthode : le RCR,  ratio de chaleur renouvelable ou de récupération du bâtiment.

Cet indicateur vise à quantifier la part d’ENR ou de récupération pour la chaleur de chauffage ou d’ECS. Cet indicateur est de bon augure pour la prise en compte des systèmes de récupération passifs, comme les échangeurs de chaleur des centrales de ventilation ou les récupérateurs de chaleur sur les eaux grises. Toutefois, cet indicateur semble valoriser également la part des calories puisées dans l’environnement avec des systèmes thermodynamiques avec les travers que cela peut engendrer (effets d’ilot de chaleur urbain renforcé par des pompes à chaleur sur l’air). Si il n’est, pour l’heure, pas acquis que cet indicateur fera l’objet d’un seuil bas, son calcul permettra toutefois d’imposer un minimum dans des contextes précis (appels à projets, dispositifs de subvention, ou cahier des charges de constructions dans le cadres d’aménagements, notamment d’écoquartiers)

Données climatiques

Quant aux données météo, on note une mise à jour des fichiers sur les périodes de Janvier 2000 à Décembre 2018, là où les données climatiques de la RT2012 s’appuyaient sur la moyenne de 1994 à 2008. Le découpage des zones climatiques française n’est pas remis à plat, le quadrillage reste sur le même que depuis la RT2000, avec seulement 8 jeux de données météo différents pour décrire l’ensemble du climat métropolitain.

RE2020

Pour la partie Carbone, nous notons l’apparition d’un indicateur Mstock : masse totale de carbone biogénique stocké dans le bâtiment. A notre sens, il s’agit d’un indicateur qui pourrait permettre de mettre en avant des systèmes constructifs utilisant des matériaux « puits de carbone », comme le bois, la paille etc. Donc, ici aussi, ce nouvel indicateur pourrait être valorisé dans un contexte particulier de cahier des charges plus ambitieux que la réglementation.

 

Les seuils de la RE2020 ne sont pour le moment pas encore définis : niveaux de consommation, niveaux carbone, seuils des indicateurs-clés. Il n’est pas possible de jauger de l’ambition de la future RE2020. Nous notons toutefois l’apparition d’outils et d’indicateurs qui vont dans le bon sens, reste à savoir quels niveaux y seront appliqués. Nous ne manquerons pas de poursuivre notre analyse !

Rédacteurs : Paul-Louis Sadoul et Clément Castel

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À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

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Dans la catégorie « Bâtiment Passif Plus », le bâtiment devra générer au moins 60 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.