Si, en France, la création de l’association La Maison du Passif remonte à 2007, le concept trouve ses origines en Allemagne et, dans une certaine mesure, en Suède. C’est d’ailleurs outre-Rhin qu’est fondé, en 1996, le Passivhaus Institut allemand – à qui l’on doit notamment le label « Bâtiment Passif ». Pour bien comprendre les origines du passif, il faut remonter le temps…
Suède, au milieu des années 1980. Les travaux du professeur Bo Adamson, spécialiste de la construction pour l’université de Lund, commencent à faire parler de lui. Selon le physicien, un autre type d’habitat, peu énergivore, serait possible. Il défend qu’en s’appuyant sur les prérequis à la construction en vigueur dans les pays scandinaves – isolation renforcée, éradication des ponts thermiques, ventilation contrôlée, vitrage isolé et étanchéité à l’air –, l’on pourrait très bien se contenter d’apports calorifiques passifs, comme le soleil ou la chaleur dégagée par les occupants, pour assurer un excellent confort thermique.
Wolfgang Feist, à l’époque chercheur pour l’Institut du Logement et de l’Environnement de Darmstadt, a vent de ces théories. Lui qui étudie la recherche et le développement de maisons à basse énergie en Allemagne est particulièrement séduit. Ensemble, les deux scientifiques créent le concept de Bâtiment Passif en mai 1988, affirmant que les besoins en chauffage d’un bâtiment neuf pourraient se borner à 15 kWh d’énergie par mètre carré de surface habitable par an, pour peu qu’il soit conçu selon leurs principes. Or, à l’époque, ces besoins sont environ huit fois supérieurs. Alors forcément, les travaux de Bo et Wolfgang en laissent plus d’un perplexes…
Résolus à prouver la validité de leurs travaux par l’exemple, Bo et Wolfgang décident de concevoir un projet témoin et recherchent une région susceptible de les soutenir. La ville de Darmstadt, enthousiaste à l’idée d’héberger une construction atypique et pionnière sur le plan de l’économie d’énergie, se porte volontaire. Au programme : la construction d’un lot de quatre maisons en bande, d’une surface de 156 mètres carrés chacune.
Avec un surcoût d’environ 50% par rapport à une construction traditionnelle des années 1990, dû aux composants, à l’époque faits à la main et sur mesures, donc très coûteux, le projet est finalement livré en 1991. Surprise : la consommation de chauffage relevée dans ce premier petit immeuble passif est effectivement de moins de 15 kWh par mètre carré de surface habitable et par an. Et c’est encore le cas 30 ans après…
Depuis 1991, on recense plus de 30 000 bâtiments passifs dans le monde, même à Dubaï ! En France, ce sont plusieurs milliers de bâtiments qui ont été conçus selon le standard passif, dont plus de 460 sont labellisés.