Projet MIZU – Amanlis (35) – Hinoki

zertifiziertes_PH_classic_FR
ID Passive House Database : 4254

En 2014, Thomas Primault, du BET Hinoki, inaugurait à Amanlis en Bretagne MIZU, le plus petit projet passif du monde, sous l’œil de ses sponsors et des journalistes. Dix ans plus tard, alors qu’aucune autre réalisation n’a battu le record de cette petite surface, nous avons échangé avec Thomas pour revenir sur l’histoire de ce projet atypique et faire le point. Reportage.

À l’origine, lorsque Thomas Primault commence à imaginer MIZU, son ambition relève davantage du besoin pragmatique que du désir d’entrer dans l’Histoire de la conception passive. « À l’époque, quand j’ai monté mon entreprise [le bureau d’études thermiques et environnement Hinoki, spécialisé dans la conception de bâtiments passifs, ndla], mon bureau était aménagé dans l’une des chambres de notre maison. C’est une maison que j’ai dessinée et réalisée moi-même en suivant les principes de l’architecture traditionnelle japonaise ; un volume en U, articulé autour d’un jardin zen », contextualise l’ingénieur passionné par l’Empire du Soleil Levant.

« Quand j’ai initié le projet MIZU, seule existait la structure (bois) : la charpente, le plancher et la toiture en ardoise. »

© Johann Douessin

Mais quand la chambre investie par Thomas est réquisitionnée pour le deuxième enfant de la famille, il se trouve contraint de trouver un nouveau bureau. Or, l’ingénieur dispose justement d’un volume non-aménagé dans l’une des ailes de la maison ; un volume originellement destiné à accueillir un chashitsu, une pièce consacrée à la cérémonie du thé. « En y réfléchissant, je me suis demandé pourquoi ne pas utiliser cet espace pour me faire un bureau complètement indépendant ? Quand je suis parti dans cette direction, seule existait la structure (bois) : la charpente, le plancher et la toiture en ardoise. L’intérieur était complètement vide : il n’y avait pas d’isolant, pas de fenêtre », se souvient Thomas.

« Dans ce projet, les fuites que l’on cherchait à éliminer faisaient la taille de trous d’épingles ! »

© Johann Douessin

Un défi de taille
Même pour un ingénieur thermicien chevronné, transformer cette petite coquille vide en bureau passif est une gageure. L’orientation n’est pas optimale, la petitesse du volume contraint à utiliser des isolants sous vide. En sus, la très faible compacité de MIZU rend le traitement de l’étanchéité à l’air particulièrement complexe. « Dans ce projet, les fuites que l’on cherchait à éliminer faisaient la taille de trous d’épingles ! On est même allés jusqu’à vérifier que ça ne fuyait pas par la serrure… », s’amuse Thomas, qui a de surcroît tenu à employer des « matériaux bruts, naturels et le plus sobre possible ».

« J’aspirais à ce l’eau qui chauffe dans la bouilloire soit le seul mode de chauffage. Que le chauffage soit réduit à ce qu’il aurait toujours dû être, une simple bouilloire en fonte posée sur une flamme. »
© Johann Douessin

Après plusieurs mois de conception et de travaux, les performances sont au rendez-vous : les besoins de chauffage s’élèvent à 12 kWh/(m²a) ; la puissance de chauffe à 19 W/m². Thomas prévoit alors que sa bouilloire sera le seul mode de chauffage du bureau. Enfin, les résultats du test d’étanchéité à l’air sont excellents, avec un n50 égale à 0,44/h, donc bien en dessous des 0,6/h exigés par le standard passif.
Reste à savoir comment, dix ans plus tard, se comporte MIZU…

« Je n’ai pas d’équipement nécessitant de l’entretien, comme une pompe à chaleur par exemple, qui aurait pu devenir obsolète au bout de 10 ans . »

© Johann Douessin

Les limites de la bouilloire
En une décennie, l’état de MIZU n’a absolument pas changé, ou presque. « Que faudrait-il que je reprenne ? La peinture peut-être, car elle présente quelques traces. Mais c’est tout. Ce qui est bien, c’est que je n’ai pas d’équipement nécessitant de l’entretien, comme une pompe à chaleur par exemple, qui aurait pu devenir obsolète au bout de 10 ans », se félicite l’ingénieur qui souligne néanmoins quelques déceptions et modifications par rapport au projet initial.

« Au bout d’un an, j’ai ajouté sur la ventilation une petite bouche chauffante électrique. Elle est reliée à un thermostat pour s’activer dès qu’il fait moins de 20°C à l’intérieur. »

mizu
© Johann Douessin

Le fait de miser sur la bouilloire comme chauffage d’appoint, par exemple, a montré ses limites : « C’était un super concept, qui fonctionnait bien avec l’histoire de notre maison et l’idée de faire le plus petit bâtiment passif du monde… À l’usage, en revanche, ce n’était pas très pratique, surtout à cause de la vapeur. Au bout d’un an, j’ai donc ajouté sur la ventilation une petite bouche chauffante électrique, de la marque Climecon, distribuée par Helios et Brink. Elle est reliée à un thermostat pour s’activer dès qu’il fait moins de 20°C à l’intérieur. Ça permet de ne pas avoir à gérer la température », argumente Thomas.

« Les étés auraient pu être encore plus agréables avec un peu de béton ou de terre pour avoir un peu de masse et lisser les températures. »

© Johann Douessin

Un projet très performant quoiqu’un peu nerveux
Autre point d’amélioration : l’inertie. En effet, si Thomas, qui effectue des mesures en continu des températures (intérieures, extérieures ainsi que de soufflage de la VMC), se félicite de « la très bonne performance du projet », il concède « que les étés auraient pu être encore plus agréables avec un peu de béton ou de terre pour avoir un peu de masse et lisser les températures ». Car MIZU, projet en ossature bois avec de forts apports internes de chaleur par rapport à sa taille, n’a presque aucune inertie. Ce n’est pas faute, pourtant, d’avoir tenté de pallier ce manque via l’utilisation d’un enduit intérieur thermorégulant contenant des millions de microbilles de cire végétale encapsulée. « Sur le papier, ces microbilles fondent à 23°C. Ainsi lorsque le bâtiment se réchauffe à 23°C ou plus, les microbilles fondent et absorbent une grosse quantité d’énergie, évitant au thermomètre de grimper. Malheureusement, nos mesures n’ont montré aucun déphasage », constate Thomas, qui doute de la pertinence de cette solution. Et d’ajouter : « Je recherche toujours à améliorer les choses et à tester des matériels innovants ingénieux, pas de doute que je trouverai des améliorations à MIZU dans les 10 prochaines années !” »

FICHE TECHNIQUE
livraison septembre 2014 – localisation Amanlis, Bretagne – label Bâtiment Passif Classique – surface de référence énergétique 12 m² – coût des travaux NC – besoins de chauffage 12 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 19 W/m² – fréquence de surchauffe NC – test d’infiltrométrie n50 = 0,44/h – consommation d’énergie primaire NC – rendement VMC double-flux 88 % – châssis triple vitrage Uw = 0,71 W/(m²K) – murs extérieurs plaque de plâtre 13 mm, panneau isolant thermo-acoustique en fibre de bois 60 mm, pare-vapeur, cellulose structure bois 200 mm, écran pare-pluie 22 mm. U = 0,154 W/(m²K) – dalle parquet 12 mm, sous-couche 3 mm, isolant sous vide 60 mm, OSB 18 mm, cellulose structure bois 160 mm, OSB 9 mm. U = 0,087 W/(m²K) – toiture plaque de plâtre 13 mm, panneau isolant thermo-acoustique en fibre de bois 100 mm, pare-vapeur, panneaux isolant thermo-acoustique en fibre de bois 200 + 60 + 22 mm. U = 0,109 W/(m²K)

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À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

Dans la catégorie « Bâtiment Passif Plus », le bâtiment devra générer au moins 60 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.