Le foyer Veilige Veste (soit “Gilet de sauvetage” en français) a ouvert ses portes en 2012. Situé à Leuwarde, capitale de la province de Frise aux Pays-Bas, il a pour vocation d’accueillir des jeunes femmes victimes d’abus, de violences, de prostitution ou de trafic humain.
UNE DÉCISION PUBLIQUE
L’ouverture du foyer est la conséquence d’une décision de la région de Frise, aux Pays-Bas. En effet, Fier Fryslân, l’association locale qui œuvre contre la maltraitance des enfants et adolescents, disposait de 4 petites structures pouvant accueillir le public mais qui étaient régulièrement en sur-capacité. Face au besoin exponentiel, la région a décidé de réinvestir un bâtiment abandonné pour donner plus de place et de moyens pour une protection et une réinsertion efficace des jeunes en proie à des violences.
Ce foyer s’étend sur 3 étages et 4 350 m². Cette surface permet d’accueillir 48 pensionnaires et 1 600 m² de bureaux au rez-de-chaussée. Rénové durant l’hiver 2011/2012, il a accueilli ses premières protégées en mai 2012.
Il s’agit du premier projet passif et de la première rénovation au standard passif des Pays-Bas.
Retour sur un projet où le passif se donne au maximum pour garantir le meilleur environnement à des personnes en grande détresse.
DES 70’S AU CUBISME MODERNE
Le foyer Veilige Veste a établi ses quartiers généraux dans un ancien commissariat bâti dans les années 70.
Le bâtiment initial avait la particularité d’avoir une sur-structure externe en béton, ce qui favorisait énormément les ponts thermiques.
La forme initiale du commissariat, un carré parfait avec des grilles horizontales et verticales, a été conservée dans une certaine mesure.
En effet, l’habillage masquant et contribuant à l’isolation, reprend cette grille en recouvrant la façade d’éléments carrés séparés, disposés de manière aléatoire, imitant les facettes d’un diamant.
Par conséquent, l’ensemble du bâtiment pré-existant est littéralement emballé par ces éléments encastrés. La façade combine les panneaux séparés et l’isolation. Cette dernière peut atteindre 95 cm d’épaisseur à certains endroits.
Le moulage de panneaux à partir d’une matière composite a permis de rendre cette forme particulière, en prenant garde aux angles des rebords de fenêtre et aux raccordements.
Ces panneaux blancs biseautés sont la nouveauté de la rénovation qui apportent l’isolation nécessaire au bâtiment. De plus, ils cachent intégralement la structure précédente, très marquée “seventies” et obsolète sur le plan de l’isolation et de l’étanchéité.
L’isolation étant réalisée par l’extérieur, le bâtiment pré-existant est littéralement enfermé dans l’enveloppe de panneaux isolants.
Pour renforcer l’image de forteresse, au-delà de l’aspect massif et carré du bâtiment, tout en aménageant une entrée et des bureaux, les architectes ont opté pour un socle-façade alternant des panneaux de bois et des vitrages. Cela permet d’optimiser les apports solaires passifs et de profiter d’une vue à 360° sur le parc environnant.
UN ESPACE PROTECTEUR
Les bureaux, salles de parole ou de réunion et les espaces de soin sont situés au rez-de-chaussée.
Les chambres et espaces de vie sont divisés en six lots différents, répartis sur les premier et second étages.
Au second étage, les chambres entourent une terrasse intérieure. Cet espace extérieur est protégé, il n’y a plus besoin de sortir dans le parc pour prendre l’air. L’architecte du projet, Beatrice Montesano, explique que “cette terrasse a une fonction de patio, comme en Italie. C’est un endroit où se relaxer, se retrouver en famille à l’abri de la ville toujours en mouvement“.
Les panneaux en diamant forment un écran protecteur à la fois des variations de température mais aussi des regards et menaces extérieures.
En effet, les personnes résidant dans le foyer peuvent être toujours la cible de leurs anciens tortionnaires. C’est pourquoi le triple vitrage utilisé est également blindé.
L’accueil et l’entrée dans le foyer sont réglementés par des vigiles et des laisser-passers.
Pour autant, la vie n’est pas figé hors et dans ce foyer. Pour réapprendre la vie aux pensionnaires et optimiser leur thérapie, la direction a opté pour l’insertion d’animaux dans le parc. La nature aux alentours est désormais l’habitat de sangliers et d’ânes, et ce, depuis 2013.
A l’intérieur, il y a de la vie aussi ! Les espaces de vie communs accueillent des ateliers de dessin, de réflexion ou de cuisine. Les chambres, réparties par groupes de couleur et par noms féminins emblématiques (Asja, Zahir ou Metta, par exemple), ne sont pas numérotées. En effet, les personnes résidant ici sont considérées avant tout comme des êtres humains et non des numéros.
LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET
Au total, le projet aura coûté 4,1 millions d’euros HT, soit 750 €/m² pour une très haute performance énergétique. La clé d’un budget aussi léger a été la solution de faire normaliser et pré-fabriquer les éléments tels que les panneaux de façade.
En optant pour des panneaux de façade de 3,60 m x 3,60 m, se décomposant en trois parties, la période de travaux de rénovation a été réduite à 8 mois :
- la première partie de ces panneaux est une structure en bois de poutres en I de 35 cm. Cette structure a été remplie d’isolant à base d’ouate de cellulose écologique et donne à la paroi extérieure une valeur R de 8,1.
- la deuxième partie, située vers l’intérieur, est une cloison en placô-platre qui maintient l’isolation et laisse l’espace nécessaire pour faire passer les réseaux et canalisations.
- la troisième partie, située à l’extérieur, est l’enduit blanc. Il s’agit d’un matériau composite à base de polyester. Celui-ci peut mesurer jusqu’à 50 cm d’épaisseur par endroits. Par ses variations de forme et d’inclinaison, il joue le rôle d’écran solaire naturel. L’ombrage supplémentaire annexe vient de stores automatisés.
Avant la rénovation, la consommation de gaz pour le chauffage de ce bâtiment était de 210 000 m3 ; désormais, cette consommation a été réduite à 21 000 m3, soit une économie de 90 % !
Pour plus d’informations sur le projet, rendez-vous sur le site de l’agence d’architecture ayant chapeauté le projet.