Reportage : sous le soleil de Perros-Guirec, une maison passive contemporaine et biosourcée

Quand un couple sollicite l’agence Quinze Architecture et le BET Hinoki pour concevoir sa nouvelle maison passive dans les Côtes- d’Armor, les concepteurs ne reculent devant rien pour faire rimer qualité architecturale et performance énergétique, sans négliger le confort d’été. Car, comme le dit la chanson, en Bretagne aussi, «  l’été sera chaud ». Visite guidée.

Retraite passive

Station balnéaire costarmoricaine renommée, Perros-Guirec attire chaque année des milliers de vacanciers. Il faut dire que la commune de 7 200 âmes a plus d’un atour pour séduire. Située au cœur de la Côte de granit rose, “Perros”, comme disent les locaux, jouit d’une côte de 13 kilomètres riche de paysages variés : criques, ports, plages de sable fin, sans oublier ses iconiques rochers rosés, presque rouges. C’est dans l’optique de profiter de ce cadre de vie idyllique qu’un couple de retraités parisiens acquiert une parcelle pour y construire sa nouvelle résidence principale. « C’était un très beau site arboré, légèrement en pente, avec vue directe sur la mer et où étaient bâtis trois éléments architecturaux notables : une grande porte cintrée, un mur de clôture et un petit garage en pierres de taille et moellons », se souvient Thomas Bonnin, fondateur et gérant de l’agence Quinze Architecture à qui est confié le projet en 2020. « Nos clients nous ont contactés précisément parce qu’ils s’étaient renseignés sur les constructions passives. Je pense qu’ils avaient envie de se faire plaisir avec une belle maison, mais de manière responsable », analyse l’architecte.

Conscients des impacts environnementaux qu’implique le fait de construire neuf, les maîtres d’ouvrages se laissent d’ailleurs facilement convaincre de privilégier des matériaux biosourcés, pourvu que ceux-ci s’accordent avec leurs goûts. En effet, le couple aspire à une esthétique ultra contemporaine et des intérieurs épurés. « Il y avait chez eux une idée très nette de l’espace libre ! », s’amuse Thomas Bonnin.

maison passive contemporaine
Le terrain sur lequel la maison est construite est délimité côté rue par un muret orné d’un portique en pierres de taille. Le projet répond à cette minéralité par l’usage très contemporain du bois et notamment du châtaignier pré-grisé utilisé pour habiller façades et toitures. Les murs à ossature bois préfabriqués d’une épaisseur de 220 mm sont remplis de ouate de cellulose. À cette couche s’ajoutent 60 mm de fibre de bois côté extérieur et, à l’intérieur, de 100 mm de Métisse®, isolant biosourcé en coton recyclé aux propriétés acoustiques et thermiques.
© INTERVALphotos

Compromis sur la compacité

Après 14 mois d’études prolongées par un premier permis de construire refusé par l’architecte des Bâtiments de France – la faute d’un projet initial aux accents californiens sans doute trop audacieux –, le chantier débute en février 2022. « Nous avons travaillé sur des toits à double pente, plus en harmonie avec les longères bretonnes voisines », détaille Thomas Bonnin, qui imagine alors une maison composée de deux volumes en bois posés sur une dalle béton isolée par 200 millimètres de polyuréthane et reliés par une petite articulation en béton abritant l’entrée. Quoique peu compact (ratio C = 4,35), ce gabarit permet de multiplier les vues vers le littoral au sud et donc d’optimiser les apports solaires pendant la période de chauffe, lesquels s’élèvent à 4 427 kWh/a rien que pour les façades méridionales (à titre d’échelle, l’Agence de la Transition Écologique indique qu’une maison individuelle présente une consommation moyenne de chauffage électrique de 4 312 kWh/a).

Afin de limiter les déperditions thermiques, Quinze Architecture et Hinoki privilégient des menuiseries bois/ aluminium triple vitrage, au châssis très fin, dont le Uw – coefficient qui définit la performance de l’isolation thermique –, est de 0,64 W/(m²K). Le chauffage d’appoint est principalement assuré par un plancher chauffant alimenté par une pompe à chaleur répondant également aux besoins d’eau chaude sanitaire. Réversible, elle peut alimenter le plancher en eau fraîche pendant les périodes de grosse chaleur.
© INTERVALphotos

Confort d’été

Même ici, où les températures moyennes sont plutôt douces pendant la belle saison, le réchauffement climatique se fait sentir : en juillet 2022, le mercure atteignait 39°C. Impossible, dans ces conditions, de négliger le confort d’été. Pour l’assurer, les concepteurs soignent le dessin de la couverture et mettent en place un système de sur-toiture, invisible depuis l’extérieur. « Grâce à ce principe, le soleil doit taper deux couches différentes avant d’aller chercher l’isolant », explique l’architecte. Son équipe multiplie aussi les masques solaires : tandis que le pignon le plus exposé est abrité par une casquette, des brise-soleil orientables et fixes – sous les rampants –, protègent les 56,4 mètres carrés de baies vitrées des façades sud. Enfin, les planchers des deux niveaux sont recouverts de chapes en béton favorisant l’inertie du projet et donc, sa capacité à stocker la fraîcheur la nuit pour la restituer en journée. Verdict : le thermomètre ne dépasse jamais la barre des 25°C à l’intérieur de la maison. Qui a dit qu’il faisait trop chaud dans un projet passif ?

« La constante de temps est le temps théorique, sans apports énergétiques (chauffage, apports internes et solaires) que met la température intérieure du bâtiment à être identique à une température extérieure constante », explique le BET Hinoki. En passif, il est conseillé que cette constante soit supérieure à 100 heures ; elle est ici de 112,1 heures.
© INTERVALphotos
Plan du rez-de-chaussée
© Quinze Architecture
Plan du R+1
© Quinze Architecture

FICHE TECHNIQUE 
livraison septembre 2023 – localisation Perros-Guirec, Côtes d’Armor – label non labellisé – surface de référence énergétique 201,7 m² – besoins de chauffage 10,7 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 11,4 W/m² – fréquence de surchauffe 0 % – test d’infiltrométrie n50 = 0,6/h – consommation d’énergie primaire 63 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 29 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 85 % – châssis triple vitrage Uw = 0,686 W/(m²K) – murs extérieurs U = 0,119 W/(m²K) – dalle U = 0,106 W/(m²K) – toiture U = 0,097 W/(m²K)

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maison passive contemporaine

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Le label "BaSE", Bâtiment sobre en énergie

Construire passif, la garantie d'un bâti de qualité.

Concevoir et construire un bâtiment passif est un objectif ambitieux. Voilà pourquoi la certification Bâtiment Passif a évolué pour inclure le label BaSE (Bâtiment Sobre en Énergie).

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

Ce label a été pensé pour récompenser les efforts de toutes les équipes ayant collaboré au projet et pour saluer la performance énergétique du bâtiment certifié.
Il reprend les bases de la certification passive, mais assouplie :

  • Le besoin de chauffage doit être inférieur à 30 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an (contre 15, en Bâtiment Passif)
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 1 par heure (contre 0,6 en Bâtiment Passif)
  • Les autres critères restent identiques.

Le label "bâtiment passif premium"

La première maison passive Premium de France © Jean-Louis Bidart

À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

La catégorie « Bâtiment Passif Premium» est la plus exigeante de toutes : elle récompense les bâtiments générant au moins 120 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.

Le label "bâtiment passif plus"

La première maison passive Plus de France

À l’aube de la transition énergétique, la certification Bâtiment Passif a évolué pour accueillir deux nouvelles catégories, Plus et Premium, axées sur l’utilisation des énergies renouvelables. Elles valorisent les constructions ayant fait le choix d’être productrices d’énergie.

Valoriser l'utilisation des énergies renouvelables

Dans la catégorie « Bâtiment Passif Plus », le bâtiment devra générer au moins 60 kWh/(m²a) d’énergie par rapport à l’emprise au sol du bâtiment.

Il devra également justifier du respect des 4 critères de base du passif :

  • Un besoin de chauffage inférieur à 15 kWh d’énergie utile par m² de surface de référence énergétique et par an
  • Une consommation totale en énergie primaire (tous usages, électroménager inclus) inférieure à 120 kWh par m² de surface de référence énergétique par an
  • Une perméabilité à l’air de l’enveloppe mesurée sous 50 Pascals de différence de pression inférieure ou égale à 0,6 par heure
  • Une fréquence de surchauffe intérieure (> à 25°C) inférieure à 10 % des heures de l’année.