Comme chaque année, le salon Passibat' a été pour l'association La Maison du Passif l'occasion de remettre les Trophées du Bâtiment Passif. Organisés depuis 2019, ces prix récompensent les projets passifs les plus exemplaires du point de vue de la performance énergétique, de l'usage et de la qualité architecturale.
Cette année, le jury des Trophées du Bâtiment Passif 2025 était composé des professionnels du secteur suivants :
- Victor Hoppe, Responsable Technique & Certificateur label Bâtiment Passif, La Maison du Passif
- Sarah Laroussi, Directrice générale du CNDB
- Céline Laurens, Directrice du programme « Quartiers de demain », GIP Europe des projets architecturaux et urbains
- Cédric Petitdidier, Architecte associé de l’agence PETITDIDIERPRIOUX Architectes
- Anne-Sophie Tardy, Responsable de l’éditorial, Construction 21
- Anastasia de Villepin, Co-rédactrice en chef, revue L’Architecture d’Aujourd’hui
Sans plus attendre, découvrez les lauréats :
Grand Prix du Jury
Maison de pays de Licques

À Licques, dans le Boulonnais, les architectes de l’agence Tandem+ ont collaboré avec les ingénieurs du BEthermique TW et la Communauté de communes Pays d’Opale pour concevoir un projet passif ambitieux et porteur de sens : une maison de pays.
Typologie méconnue des urbains, les maisons de pays permettent à plusieurs communes de mutualiser sous un même toit un certain nombre de services, souvent menacés de disparition faute de moyens et d’habitants : permanences administratives, pôles santé ou culturels… « Il s’agit d’un équipement au service d’un territoire et de sa population. Son dessin ne peut se résumer à l’adaptation d’un organigramme en plan. Au contraire, il doit parler d’urbanité et de lien social tout autant que d’écologie et de performance énergétique. Sa conception doit donc être appréhendée avec ambition », appuient les équipes de Tandem+.
Livrée en juin 2024, la maison de pays de Licques, dans le Pas-de-Calais, témoigne pleinement de cette ambition. Passive, elle est construite en pierre de taille naturelle extraite à moins de 20 km du site. Un matériau naturel et local privilégié pour réduire l’impact carbone du projet, faciliter son intégration dans le paysage tout en « réactivant une filière constructive aujourd’hui mise en sommeil ». Simple et efficace, le plan permet de distinguer les différents services (pôle santé, crèche, école de musique, bibliothèque/ludothèque et espace assistantes maternelles et enfants) tout en réduisant son emprise au sol au strict nécessaire. Entre justesse et sobriété, exigence architecturale et bienveillance, la maison du pays de Licques s’impose comme un exemple à suivre.
FICHE TECHNIQUE
livraison juin 2024 – localisation Licques, Pas-de-Calais – label Bâtiment Passif Classique – surfaces de référence énergétique 1 121,3 m² – coût des travaux 3 660 euros HT/m² SRE – besoins de chauffage 14,5 kWh/(m²a) – puissances de chauffe 9,8 W/m² – fréquence de surchauffe 0% – tests d’infiltrométrie n50 = 0,25/h – consommation d’énergie primaire 96,8 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 74 kWh/(m²a) – production d’énergie renouvelable 5,9 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 79% – châssis triple vitrage Uw = 0,75 W/(m²K) – murs extérieurs pierre naturelle de Marquise et mix chanvre/lin/coton. U = 0,13 W/(m²K) – dalle béton, PU et polystyrène. U = 0,129 W/(m²K) – toiture bois, laine de roche et polystyrène. U = 0,106 W/(m²K)
Projet neuf
Gymnase Le Trois
architectes Ajeance
études thermiques Solares Bauen
photos 11h45

Un projet de champions. Livré en 2022 à Erstein, dans le Bas-Rhin, ce gymnase passif est le fruit d’un travail mené collectivement par les architectes d’Ajeance et les ingénieurs de Solares Bauen pour le compte de la Communauté de communes du canton d’Erstein.
Offrir au sport l’écrin qu’il mérite, c’est-à-dire un lieu de confort et de qualité, propice au bien-être, au partage et au vivre ensemble. Ainsi pourrait-on résumer la démarche des équipes d’Ajeance et de Solares Bauen pour concevoir ce gymnase passif de 3 000 mètres carrés.
Ici tout est pensé pour aligner la performance énergétique sur celle des jeunes athlètes. Le rez-de-chaussée, un socle en structure béton – pour l’inertie –, abrite le hall, un dojo avec accès indépendant, la salle multisports, le mur d’escalade et les vestiaires. Il est coiffé d’un étage en ossature bois, habillé à l’extérieur d’un bardage en tôle ondulée perforée et où sont aménagés les gradins, un espace de convivialité ainsi que deux salles polyvalentes. L’ensemble, isolé en ouate de cellulose et laine de bois, est surmonté de toitures végétalisées également équipées de panneaux photovoltaïques.
Particulièrement soigné, cet équipement met au tapis les a priori selon lesquels la méthode de conception passive entrave la liberté architecturale. L’entrée est par exemple prolongée par un mur rideau sur près de la moitié de la longueur de la façade sud tandis qu’à l’intérieur, les aménagements démontrent un véritable travail de mise en scène. Matériaux structurels apparents (à l’image de la charpente en bois lamellé-collé), solutions sur mesures et finitions vitaminées offrent ainsi aux étudiants un cadre stimulant propice à l’effort et au dépassement de soi.
FICHE TECHNIQUE
livraison 2022- localisation Erstein, Bas-Rhin – label non labellisé – surface de référence énergétique 3 014 m² – coût des travaux 1 673 euros HT/m² SRE – besoins de chauffage 12,4 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 10 W/m² – fréquence de surchauffe 2% – test d’infiltrométrie n50 = 0,22/h – consommation d’énergie primaire 91,3 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 69,1 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 84% – châssis triple vitrage Uw = 0,73 W/(m²K) – murs extérieurs RDC : béton et laine de roche. U = 0,276 W/(m²K). Étage : MOB avec ouate de cellulose insufflée et laine de minérale. U = 0,125 W/(m²K) – dalle béton, PSE. U = 0,25 W/(m²K) – toiture bac acier sur charpente bois, laine minérale. U = 0,104 à 0,112 W/(m²K)
Projet rénové
Maison HGY
architectes Quinze Architecture
études thermiques Hinoki
photos Joan Casanelles

C’est l’histoire d’un renouveau. En Ille-et-Vilaine, un vieux moulin s’est vu transformé en logement passif par l’agence Quinze Architecture avec la complicité des ingénieurs d’Hinoki. Une opération aussi technique que poétique.
Lorsque les maîtres d’ouvrage découvrent cet ancien moulin à farine du XVIIIe siècle construit aux abords d’un lac bretillien, c’est le coup de cœur. Ils l’acquièrent et en confient la réhabilitation passive à l’agence Quinze Architecture. Assistés du BEThermique Hinoki, les concepteurs s’attachent d’abord à retrouver les volumes originaux en pierre, la bâtisse ayant fait l’objet de plusieurs travaux d’extensions malheureux au fil des ans. Ce faisant, ils dévoilent un plan simple et efficace distribuant d’une part une habitation en pierre et de l’autre une pergola en bois, au sud, idéale pour assurer le confort d’été des occupants. Le tout est prolongé par un garage en structure bois d’origine, désormais habillée d’une tôle noire.
De manière à conserver le cachet du moulin, les architectes se tournent vers une isolation par l’intérieur (ITI) en métisse et laine de bois. En trop mauvais état, la façade sud de l’habitation est reconstruite à neuf en utilisant des murs à ossature bois isolés de ouate de cellulose et fibre de bois et habillés, à l’extérieur, d’un bardage bois. Enfin, pour donner à lire leur travail, les équipes de Quinze dessinent de généreuses ouvertures soulignées par de grands cadres bois. « Pour chaque volume, les traces du passé et de l’intervention contemporaine sont visibles. Le minéral et le végétal présents sur toutes les compositions viennent faire communier l’ancien et le moderne », concluent les architectes.
FICHE TECHNIQUE
livraison 2019 – localisation Montreuil-sous-Pérouse, Ille-et-Vilaine – label non labellisé – surface de référence énergétique 184,60 m² – besoin de chauffage 20,3 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 15 W/m² – fréquence de surchauffe 4% – test d’infiltrométrie n50 = 0,71/h – consommation d’énergie primaire 56 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 107 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 93% – châssis triple vitrage Uw< 0,8 W/(m²K) – murs extérieurs existant : métisse, laine de bois et pierre. U = 0,177 W/(m²K). MOB : ouate de cellulose, fibre de bois, structure bois et bardage. U = 0,152 W/(m²K) – dalle existant : PU, ravoirage, platelage bois, ouate de cellulose, OSB. U = 0,173 W/(m²K). Neuf : PU, ouate de cellulose, OSB. U = 0,133 W/(m²K) – toiture ouate de cellulose et fibre de bois. U = 0,139 W/(m²K)
Catégorie Innovation
Salle polyvalente Notre-Dame

Après la salle polyvalente de Vernoux-en-Vivarais récompensée en 2024, au tour de celle de Fourmies de décrocher un Trophée du Bâtiment Passif. Un projet innovant de simplicité signé par les architectes de murmur et les ingénieurs de Treenergy.
« Un modèle d’impact sur l’environnement », titrait La Voix du Nord après en avoir visité le chantier. Le signe que la presse locale l’a bien compris : cette salle polyvalente est un exemple à suivre. Construite à Fourmies, dans le département du Nord, elle abrite sur près de 650 mètres carrés un espace principal, trois salles associatives, des bureaux et une cuisine.
Surtout, en plus d’être passif, le bâtiment fait la part belle aux matériaux naturels : peuplier local pour une majeur partie de l’ossature bois; bottes de paille, textiles recyclés et fibre de bois pour l’essentiel des isolants. « Ce projet a également permis à des collectivités, des professionnels et des habitants de découvrir les nouvelles techniques de construction et de les mettre en application sur le chantier », ajoute la municipalité. Ainsi, les Fourmisiens ont eu l’occasion de visiter le chantier en plus de voter pour le nom de leur nouvel équipement quand des enfants sont venus pour apprendre à fabriquer des briques de terre crue. Objet d’apprentissage, le projet a donné lieu à une conférence sur la construction bois-paille en plus de permettre de former plusieurs artisans à l’application d’enduit terre ainsi qu’à l’étanchéité à l’air. « La commune avait l’ambition d’un équipement qui soit démonstrateur de la 3e Révolution Industrielle, mettant en action le changement de sa façon de produire, de consommer, d’échanger », résument les architectes. Ou comment redéfinir la notion de progrès.
FICHE TECHNIQUE
livraison août 2024 – localisation Fourmies, Nord – label en cours de labellisation – surface de référence énergétique 643,74 m² – coût des travaux 3 975 euros HT/m² SRE – besoin de chauffage 10 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 33 W/m² – fréquence de surchauffe 2% – test d’infiltrométrie n50 = 0,59/h – consommation d’énergie primaire 79 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 88 kWh/(m²a) – production d’énergie renouvelable 36 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 79% – châssis triple vitrage Uw = 0,8 W/(m²K) – murs extérieurs fibre de bois, MDF, paille, particules de bois, métisse, ossature métallique, placoplâtre. U = 0,140 W/(m²K) – dalle béton et polystyrène expansé. U = 0,123 W/(m²K) – toiture pare-pluie, fibre de bois, paille et ossature bois, particules de bois. U = 0,119 W/(m²K)
Performance énergétique et frugalité
Maison Trilogis

À l’orée de la forêt de Fontainebleau, la Maison Trilogis est un projet manifeste. Construite pour une famille de trois personnes à l’orée de la forêt de fontainebleau, elle est à la fois une habitation passive, un plaidoyer en faveur de la sobriété ainsi qu’une critique durable de l’architecture moderne.
Lieu de rendez-vous des grimpeurs, Noisy-sur-École est une petite commune de 1 800 habitants située à l’ouest de la forêt de Fontainebleau. C’est là, tout près du massif dit des Trois Pignons, que Shelle et Xavier acquièrent un terrain de 8 310 mètres carrés constitué de deux parcelles distinctes. Après avoir vécu 6 ans à Los Angeles où ils ont construit la première maison passive de la ville – Xavier était à cette époque co-président de l’association Passive House California –, le couple et son fils souhaitent en effet rentrer en France avec l’ambition de bâtir le projet de leurs rêves : une habitation de plain-pied, doublée d’une maison de weekend pour les amis et esthétiquement inspirée des icônes américaines de l’architecture moderne, les Case Study Houses. Elle devra également présenter un très faible impact environnemental, être aussi bien intégrée que possible dans son contexte et bien-sûr, labellisée passive. « Construire neuf, en particulier sur ce site, nous obligeait à l’exemplarité », insiste aujourd’hui le maître d’ouvrage, lucide sur les enjeux environnementaux liés au secteur du bâtiment pour avoir créé en 2023 la Fresque de la Rénovation, un atelier dérivé de la Fresque du Climat.
Quitte à montrer l’exemple, Shelle et Xavier ne font pas dans la demi-mesure. Ils se tournent vers BAM, entreprise d’assistants à la maîtrise d’ouvrage (AMO) afin d’organiser un concours international. Objectif : donner un maximum de visibilité à leur projet et, à travers lui, à la conception passive. « Le cahier des charges a été téléchargé près de 1 500 fois, se souvient Xavier. Au total, nous avons reçu près de 130 candidatures originaires de 15 pays différents. » Après plusieurs étapes de sélection, c’est le dossier proposé par Milena Karanesheva et Mischa Witzmann de l’agence Karawitz qui est désigné lauréat.
Malgré un PLU restrictif et un site complexe – très boisé et pourvu d’un sous-sol en béton de 200 mètres carrés –, les architectes parviennent à concilier les attentes de leurs clients avec le Passif. Après avoir envisagé un plan carré, très compact mais étonnamment moins efficace thermiquement, ils optent pour un dessin linéaire, offrant une longue façade orientée sud-est pour capter les apports solaires. Le résultat, minimaliste, n’est effectivement pas sans rappeler les Case Study Houses chères au cœur de Shelle et Xavier. « Nous sommes bien-sûr critiques du dogme moderniste des années 1950, argumentent les architectes. Mais l’on ne peut nier les qualités de ces icônes : l’ouverture, la transparence, la fluidité des circulations… Nous nous sommes demandé comment transposer cette modernité face aux enjeux actuels… »
Outre la conception passive, cette transposition est incarnée par plusieurs choix. D’abord, l’implantation : la maison invités est bâtie sur le sous-sol existant, évitant de nouvelles fondations quand la résidence principale repose en partie sur pieux pour préserver les racines des arbres et permettre à terme une déconstruction laissant un minimum de stigmates. Côté matériaux, Karawitz privilégie des murs porteurs à ossature bois préfabriqués, isolés en laine et fibre de bois. La toiture végétalisée et le plancher bas sont isolés par 36 centimètres de bottes de paille. Malgré ces efforts, la réalisation, à même de viser le label E3C2, n’est pas sans imperfections : « La plomberie des sanitaires n’est pas dissociée, ce qui aurait permis un jour d’alimenter les toilettes autrement qu’en eau potable », regrette Xavier. Certes neuve et imparfaite, la Maison Trilogis reste un exemple à suivre. Et, qui sait, une piste pour poser les fondations d’une nouvelle modernité ?
FICHE TECHNIQUE
livraison juillet 2024 – localisation Noisy-sur-École, Seine-et-Marne – label en cours de labellisation – surface de référence énergétique 150,4 m² – besoin de chauffage 14,37 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 12,49 W/m² – fréquence de surchauffe 0% – test d’infiltrométrie n50 = 0,4/h – consommation d’énergie primaire 98 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 48 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 89% – châssis triple vitrage Uw = 0,67 W/(m²K) – murs extérieurs ossature bois, laine de bois, OSB. U = 0,104 W/(m²K) – dalle chape, OSB, paille. U = 0,114 W/(m²K) – toiture placoplâtre, laine de bois, OSB, paille, fibre de bois. U = 0,070 W/(m²K)
Mention « lien social »
12 logements séniors
architectes Mil Lieux
études thermiques Équipe Ingénierie
photos V. Boutin

Pour l’Office Métropolitain de l’habitat Grand Nancy, Mil Lieux et Équipe Ingénierie ont conçu 12 logements passifs adaptés aux séniors et aux personnes à mobilité réduite.
Divisé en deux bâtiments, ce projet en structure bois est inspiré des béguinages (lieux où vivaient des communautés religieuses) afin de créer du lien social, ici facilité par un jardin central. « L’entraide a dépassé le concept, les charges y sont extrêmement réduites et le confort acoustique, optimal. La liste d’attente ne désemplit pas », s’enthousiasment les concepteurs.
FICHE TECHNIQUE
livraison 2020 – localisation Art-sur-Meurthe, Meurthe-et-Moselle – label Bâtiment Passif Classique – surface de référence énergétique 362,7 et 379,7 m² – coût des travaux 2 210 euros HT/m² SRE – besoin de chauffage 14 et 14 kWh/(m²a) – puissance de chauffe 12 et 12 W/m² – fréquence de surchauffe 3 et 3% – test d’infiltrométrie n50 = 0,6 et 0,6/h – consommation d’énergie primaire 104 et 103 kWh/(m²a) – consommation d’énergie primaire renouvelable 52 et 51 kWh/(m²a) – production d’énergie renouvelable 8 et 4 kWh/(m²a) – rendement VMC double-flux 88% – châssis triple vitrage Uw = 0,75 W/(m²K) – murs extérieurs placoplâtre, coton recyclé, OSB, fibre de bois insufflée, fibre de bois, enduit chaux. U = 0,107 W/(m²K) – dalle béton, polystyrène extrudé. U = 0,108 W/(m²K) – toiture panneaux trois-pli, fibre de bois insufflée, OSB, PU. U = 0,082 W/(m²K)