Pour être certifié passif, un projet doit passer l’épreuve du test d’étanchéité à l’air. Il est alors attendu que la perméabilité à l’air de l’enveloppe, mesurée sous 50 Pascals de différence de pression, ne dépasse pas 0,6/h pour le label Bâtiment Passif, et 1,0/h pour le label EnerPHit. À tous ceux qui s’interrogent sur la façon dont se déroule ce test, aussi appelé blower-door test, La Maison du Passif vous offre une petite session de rattrapage…
Exercice souvent méconnu, le test d’étanchéité à l’air est le seul moyen fiable de contrôler et vérifier l’étanchéité à l’air de l’enveloppe d’un bâtiment. Autrement dit : il permet de mesurer la quantité d’air qui entre ou s’échappe d’une construction par le biais de fuites parasites, causées par des défauts de conception.
Quand faire le test ?
Pour qui vise une labellisation, il est recommandé de réaliser ce test au minimum deux fois : une première pendant le chantier, avant que les finitions ne soient terminées, lorsque produits et matériaux pour l’étanchéité ne sont pas encore cachés derrière le Placo, afin d’être toujours en mesure de repérer et éliminer les éventuelles fuites au cas où les résultats du test ne seraient pas concluants. Puis une seconde fois, lorsque le projet est terminé. Ce sont les résultats de ce second test qui serviront de référence pour la labellisation.
À savoir :
Comme se déroule le test ?
- La préparation
Avant toute chose, il est nécessaire de préparer le bâtiment, en fermant fenêtres et portes donnant sur l’extérieur. Si celles-ci n’ont pas encore été posées, on bouche les ouvertures avec des bâches soigneusement fixées. Toutes les autres arrivées d’air doivent également être bouchées.
- L’installation
Ensuite, on remplace l’une des ouvertures extérieures, souvent une porte, par « une porte soufflante » (c’est à elle que le test doit son nom). Celle-ci se compose d’une toile en nylon et d’un ventilateur qui permet d’exercer une différence de pression entre l’intérieur du bâtiment et l’extérieur.
- Le test
On crée alors une dépression en aspirant l’air du bâtiment, ou bien on crée une pression comme si on le gonflait tel un ballon de baudruche – en passif, le test est effectué en pression et en dépression, car les deux résultats et leur moyenne sont indispensables pour le calcul PHPP. S’il y a des fuites dans l’enveloppe étanche, cette différence de pression va les mettre en évidence car l’air passera justement par ces endroits.
- La recherche et le rebouchage des fuites
Arrive alors le moment de rechercher les fuites que l’on peut localiser de plusieurs façons : avec un thermo-anémomètre, avec un appareil à fumée1, avec la main2 ou même par repérage visuel, car certaines fuites sont si petites qu’elles ne peuvent être décelées qu’à l’œil nu3. Il arrive aussi que l’on utilise des bâches en plastiques qui se gonfleront en dépression s’il y a des fuites. Une fois lesdites fuites repérées, il s’agit alors de les colmater avec la solution appropriée : rubans adhésifs, colles de raccord, étanchéité liquide, etc.
1 Fun fact (à ne pas prendre à la légère) : avant d’utiliser un appareil à fumée, mieux vaut prévenir les pompiers afin qu’ils ne considèrent pas cette fumée comme le signe d’un incendie !
2 La peau du visage est encore plus sensible aux faibles mouvements d’air !
3 Si ces micro-fuites sont souvent négligeables sur de vastes projets avec de gros volumes d’air, elles peuvent cependant avoir un impact considérable sur le résultat du test pour les projets de petites surfaces, comme l’explique par exemple l’ingénieur Victor Hoppe à propos de son appartement de 31 m².
À savoir :
Lors du test, il n’y a pas d’échantillonnage possible, contrairement au réglementaire : il faut tester l’enveloppe du bâtiment complet. Par exemple, dans le cadre de logements collectifs, on teste le projet dans son ensemble et non pas chaque logement qui le compose4. Enfin, il est conseillé de faire appel à une entreprise spécialisée dans le passif (donc informée des singularités de cette méthode de conception) pour réaliser le test si vous souhaitez que le bâtiment puisse prétendre à une labellisation.
4 Dans le cas de logements sur coursives, il peut être inévitable de faire un test par logement : l’idéal, pour ne pas mesure defuites entre les logements, est de mettre en même temps en pression (ou dépression) tous les les logements adjacents. Si ce n’est pas possible, alors le résultat sera pessimiste.
Mais au fait, pourquoi l’étanchéité à l’air est-elle importante ?
Souvent négligée, l’étanchéité à l’air est pourtant cruciale pour le confort des usagers ou des habitants. Ainsi, une mauvaise étanchéité à l’air peut provoquer plusieurs désagréments :
- Des déperditions thermiques, lesquelles entraîneront à leur une hausse de votre consommation de chauffage
- Un inconfort, provoqué par des courants d’air froids
- L’apparition de moisissures et donc une dégradation de la qualité de l’air
En outre, en passif, la qualité de l’étanchéité à l’air permet que la totalité des flux d’air se croisent dans l’échangeur de chaleur de la VMC double-flux, sans fuites parasites qui entreraient ou sortiraient du bâtiment sans passer par l’échangeur. Sans étanchéité à l’air ambitieuse, la récupération de chaleur est fortement dégradée !
Attention !
On confond souvent étanchéité à l’air et perspirance. Et pour cause : à tort, on imagine que l’étanchéité à l’air de l’enveloppe, si elle est excellente, empêchera le bâtiment de respirer, comme dans un contenant hermétique. C’est confondre l’étanchéité à l’air d’une paroi et son comportement face à la vapeur d’eau. Correctement mise en œuvre, une paroi est perméable ou non à la vapeur d’eau selon les matériaux qui la composent. C’est donc via le choix des matériaux – le mur, l’isolant, la peinture, les enduits, etc. – que l’on va jouer sur la perspirance. L’étanchéité à l’air n’a rien à voir là-dedans !
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